Le concours de pets
Ce récit véhicule des stéréotypes sexistes. Je vous recommande de le lire avec une distance critique et d’interroger les imaginaires qu’il convoque.
Il était une femme très jolie, une femme si jolie que sa beauté était merveilleuse. Elle était convoitée par tous les jeunes gens de la région. Son père décida qu'il ne la donnerait en mariage qu'à celui de ses soupirants qui prouverait qu'il pétait mieux que tous les autres. Les jeunes gens tinrent un conseil pour décider du jour de l'épreuve. Ils se donnèrent chacun un nom d'animal. Arrive le jour du concours, et la place publique est grouillante de monde.
- Qui va commencer ? demande-t-on.
- Écureuil, puisque tu es le benjamin, tu peux commencer. »
Écureuil se met en position et envoie son pet.
- Bon, tu peux t'asseoir.
- Hyène, c'est à ton tour.
L'hyène s'approche et dégage son gaz. Puis ce fut le tour du lion, de l'éléphant et du chacal. Chacun lâcha un pet qui chantait en s'éloignant. Quand tout le monde eut prouvé son talent, on demanda s'il restait quelqu'un.
- Il reste le grillon.
Il dormait à moitié, perdu dans un trou. On alla le chercher. Il arriva et demanda à chacun de recommencer ce qu'il avait fait. Tout le monde s'exécuta et le grillon, plantant une de ses pattes et levant une autre, envoya un pet si gros qu'il déracina les arbres, étrangla le père et la fille et creusa sept puits dans le village.
Le concours de pets (2), histoire racontée par Mor Diouf, dans Contes wolof du Baol (1968), recueillis et adaptés par Jean Copans et Philippe Couty, d'après une traduction de Ben Khatab Dia, Paris, Union générale d'éditions, 1976, p. 46-47.
Site horizon.documentation.ird.fr, consulté le 29 octobre 2025 :
https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers18-01/08989.pdf
Jean Copans est anthropologue et sociologue africaniste, associé à l’IMAF (Institut des mondes africains) et Philippe Couty est chercheur à l'ORSTOM (Office de la recherche scientifique et technique outre-mer). Ils ont adapté les Contes wolof du Baol qu’ils ont recueillis en 1967 à Yassy (Missirah), au Sénégal en s’appuyant sur la traduction de M~ Ben Khatab Dia du C.L.A.D. (Centre de linguistiqué appliquée de Dakar).
Sur les Contes wolof du Baol :
Jean Copans et Philippe Couty, op.cit., avertissement par Philippe Couty, p. 7.
Notice détaillée, sudoc, site www.sudoc.abes.fr, consulté le 29 octobre 2025 : https://www.sudoc.abes.fr/cbs/DB=2.1//SRCH?IKT=12&TRM=00127466X
Sur Philippe Couty :
Notice biographique, Ed. Chandeigne, site editionschandeigne.fr, consulté le 29 octobre 2025 :
https://editionschandeigne.fr/traducteur/philippe-couty/
Sur Jean Copans :
Notice biographique, IMAF (Institut des mondes africains), site imaf.cnrs.fr, consulté le 29 octobre 2025 :
https://imaf.cnrs.fr/spip.php?article743
"Publication | Jean Copans, L’anthropologue sans cochons", Canthel - Centre d'Anthropologie Culturelle, site canthel.shs.parisdescartes.fr, consulté le 29 octobre 2025 : http://canthel.shs.parisdescartes.fr/publication-jean-copans-lanthropologie-sans-cochons/
Si vous connaissez des représentations iconographiques du conte ci-dessus, n’hésitez pas à me contacter pour me partager vos références.
Vous trouverez l’intégralité des Contes wolof du Baol sur horizon.documentation.ird.fr (L’amateur d’œufs ; Le laveur de cadavres; Comment guérir la peur ; Samba de la vallée, Samba de la montagne et Sadinghale ; Un menteur renommé ; La vengeance du lièvre, etc.).
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