Baba Yaga

"Le diable en chef ou le chef de tous les diables, tout en étant grand chimiste, eut envie d’inventer le mal qui le dépasserait par sa puissance. Dans ce but, il cuisit douze femmes méchantes, car la physique lui avait apprit que c’était la meilleure et la plus profitable des matières. Et d’après les calculs mathématiques chaque femme méchante contient du mauvais alcool en considérant un diable normal dans la proportion de sept contre douze et contre lui en personne une septième. En faisant cuire ces particules du mauvais alcool qui se dégageaient avec la vapeur en l’absence de la cornue il les attrapait avec la bouche et les avalait. En fin de cuisson il ne restait dans le chaudron que la matière brûlée ; il cracha dans le chaudron et l’alcool du mal de femmes mêlé à la salive du diable tombée sur les cendres, en fusionnant, forma Baba Yaga. Le diable la considéra comme le mal absolu et la plaça dans un bocal dans l’idée de fabriquer par la suite une dizaine de Baba Yaga comme celle-ci et en fabriquer ensuite le mal encore plus parfait. Mais en pesant le mal qu’elle contenait et le comparant au mal propre aux femmes du monde, il constata, désappointé, que ces dames même sans cuisson ne lui cèdent pas une once. Cela le fâcha au point que, par dépit, il jeta le bocal par terre qui se brisa en mille morceaux, comme les jambes de Baba Yaga qui, arrachées, s’étaient cassées. Cela dégrisa le diable qui, conscient qu’il libérerait ainsi le monde du grand mal, donna à Baba Yaga des jambes en os, lui inspira la connaissance de la sorcellerie et pour qu’elle quitte l’enfer lui offrit en guise de voiture un vieux mortier en fer qui traînait dans son laboratoire et un pilon en fer pour aiguillonner le mortier qui lui sert toujours à parcourir le monde en faisant le mal."

Origine et formation de Baba Yaga, planche de loubok, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Planche de loubok "composée de huit images, huit séquences qui racontent la création de Baba Yaga. Le conte cité ci-dessus représente la version abrégée du début du récit figurant sur le loubok." (Galina Kabakova)


Galina Kabakova, “Baba Yaga dans les louboks”, Revue Sciences/Lettres, 4 | 2016, en ligne depuis le 16 janvier 2016, connexion le 10 septembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsl/1000 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsl.1000

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Yaga-Baba part combattre le crocodile à dos de cochon avec un pilon. Ils ont une fiole de vin sous le buisson (vers 1760) dans Russkie narodnye kartinki de Dimitri Rovinskij, vol. 1, Saint-Pétersbourg, 1900, p. 273-274.

Galina Kabakova, “Baba Yaga dans les louboks”, Revue Sciences/Lettres, 4 | 2016, en ligne depuis 2016, connexion le 23 septembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsl/1000 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsl.100

Baba Yaga jambe de bois part combattre à dos de cochon le karkadil avec son pilon. Il y a du vin (vers 1760) dans Russkie narodnye kartinki de Dimitri Rovinskij, vol. 1, Saint-Pétersbourg, 1900, p. 273-274.

Galina Kabakova, “Baba Yaga dans les louboks”, Revue Sciences/Lettres, 4 | 2016, en ligne depuis 2016, connexion le 23 septembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsl/1000 ; DOI: https://doi.org/10.4000/rsl.100

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Galina Kabakova, “Baba Yaga dans les louboks”, Revue Sciences/Lettres, 4 | 2016, en ligne depuis 2016, connexion le 23 septembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsl/1000 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsl.100

Ivan Jakovlevich Bilibin, Baba Yaga vole dans son mortier dans Vasilisa Prekrasnaia (Vassilissa-la-belle) d'Aleksandr Nikolaevich Afanasʹev (1902), Saint-Pétersbourg, Getty Research Institute, p. 8.

Site archive.org, consulté le 23 septembre 2025 :

https://archive.org/details/gri_33125011156474/page/n7/mode/2up

Ivan Bilibin, Baba Yaga et les jeunes filles-oiseaux (1902), aquarelle, gouache sur esquisse au crayon, 46,4 x 61,8 cm, Musée des Beaux-Arts de Pouchkine, Moscou, Russie.


Site commons.wikimedia.org, consulté le 23 septembre 2025 :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Baba_Yaga_and_maiden-birds_by_I.Bilibin_(1902).jpg

Site researchgate.net, consulté le 23 septembre 2025 :
https://www.researchgate.net/publication/319162721_Baba_Yaga_and_the_Mushrooms#pf5

Vassily Kandinsky, Baba Jaga (1907), xylographie sur papier, 8 x 17 cm, Centre Pompidou, Paris.

Site centrepompidou.fr, consulté le 23 septembre 2025 :

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cEpo8p

Viktor Vasnetsov, Baba Yaga (1917), Maison-musée de Viktor Vasnetsov, Moscou, Russie.

Site worldhistory.org, consulté le 23 septembre 2025 :

https://www.worldhistory.org/image/14526/baba-yaga-by-vasnetsov/

Site researchgate.net, consulté le 23 septembre 2025 :

https://www.researchgate.net/publication/319162721_Baba_Yaga_and_the_Mushrooms#pf5

Ivan Bilibine, couverture des Contes de l'isba, trad. H. Isserlis et B. Auroy, Paris, Ed. Boivin et Cie, 1949.

Site commons.wikimedia.org, consulté le 23 septembre 2025 :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Contes_de_l%27isba_(1931)_by_Ivan_Bilibin_-_cover.jpg

Site asteropsia.wordpress.com, consulté le 23 septembre 2025 :

https://asteropsia.wordpress.com/2021/01/18/plongee-dans-le-folklore-slave-la-baba-yaga/